AnImA MUNDI

2020, Abbaye Saint-Victor, Marseille, Biennale Manifesta 13.

Cur. Emmanuelle Luciani.

Artists : Jean Marie Appriou, Bella Hunt & DDC, Dewar & Gicquel, Marina Dellamore, Andrew Humke, Jean Baptiste Janisset, Jordan Joévin, Jenna Kaës, Matteo Nasini, Jacopo Pagin, Ariana Papademetropoulos, Oie Studio, Sterling Ruby, Gérard Traquandi, ASMA VSWV, Ben Wolf Noam, Lola Schnabel, Sergio Ruffato.

FR / « Anima Mundi » est une exposition sur l’Histoire, le temps long et la mort. À travers elle, il s’agit de proposer une autre vision de l’Histoire, en s’adossant à la basilique et à ses cryptes, lieux d’iconographie et d’hommage, ainsi que de sédimentation historique. Cette exposition cristallise un autre rapport au temps et transmet une vision syncrétique de l’Histoire, notamment en exposant des oeuvres récentes aux côtés des sarcophages de l’Antiquité tardive, où se côtoient art funéraire chrétien et art funéraire païen, loin de toute idée de pureté culturelle. « Anima Mundi » fait sortir les oeuvres du white cube, pour les lier à un monument ancien et, modestement, les insérer dans l’Histoire.

L’Histoire, qui convoque la mort, permet aussi de prendre du recul sur celle-ci. Prenant le contrepied de la modernité, « Anima Mundi » veut, au contraire de cacher la mort, lui redonner sa place de phénomène naturel et quotidien. L’abbaye a inspiré des artistes, comme Bella Hunt & Dante Di Calce ou Jenna Kaës, en sa qualité de cimetière rupestre, situé sous une église occupée par les vivants. Les sarcophages et linceuls produit par les artiste s’ajoutent aux vestiges antiques et médiévaux des cryptes.

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Tous les artistes de l’exposition s’attachent à des résurgences de formes et à un temps autre. Plutôt que de faire l’éloge du temps présent, ils font appel à la profondeur des temps pour créer leurs oeuvres, qui sont autant d’hommage au lieu, à ses bâtisseurs et à son histoire. Tous ont en commun un intérêt pour l’art pré-moderne et un grand respect pour le passé. L’ancienneté est ici une valeur, selon la notion théorisée par le philosophe et historien de l’art Alois Riegl au XIXe siècle. La nécromasse noétique, pour reprendre Bernard Stiegler, qui compose le calcaire de l’édifice, souligne l’importance des cryptes comme matrice même de l’exposition « Anima Mundi ». Cette « âme du monde », chère aux philosophes néoplatoniciens et symbolisée par l’ouroboros, symbolise l’énergie vitale et le cycle de l’existence, et rejoint en cela l’humus, la concrétion calcaire, les tombes et les corps reposant au sein des cryptes ; au-delà de la mort, ils rejoignent le monde vivant en retournant à la terre. L’exposition se veut, sans nostalgie, mémoire du monde.

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Vue d’exposition “Anima Mundi” © Junayd Cherifi, 2020.

EN / "Anima Mundi" is an exhibition about History, long time and death. Through it, the aim is to propose another vision of History, by leaning against the basilica and its crypts, places of iconography and homage, as well as of historical sedimentation. This exhibition crystallises a different relationship with time and transmits a syncretic vision of History, notably by exhibiting recent works alongside sarcophagi from late antiquity, where Christian funerary art and pagan funerary art rub shoulders, far from any idea of cultural purity. "Anima Mundi" brings the works out of the white cube, to link them to an ancient monument and, modestly, to insert them into History.

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History, which summons death, also allows us to step back from it. Taking the opposite view to modernity, "Anima Mundi" aims, instead of hiding death, to give it back its place as a natural, everyday phenomenon. The abbey has inspired artists such as Bella Hunt & Dante Di Calce or Jenna Kaës, as a rock cemetery, situated under a church occupied by the living. The sarcophagi and shrouds produced by the artists are added to the ancient and medieval remains of the crypts.

All the artists in the exhibition are concerned with resurgent forms and a different time. Rather than praising the present, they draw on the depth of time to create their works, which are homages to place, its builders and its history. They all share an interest in pre-modern art and a great respect for the past. Here, antiquity is a value, according to the notion theorised by the philosopher and art historian Alois Riegl in the 19th century. The noetic necromass, to quote Bernard Stiegler, which makes up the limestone of the building, underlines the importance of the crypts as the very matrix of the "Anima Mundi" exhibition. This "soul of the world", dear to the Neoplatonist philosophers and symbolised by the ouroboros, symbolises vital energy and the cycle of existence, and in this respect it is similar to humus, limestone concretion, tombs and the bodies resting in the crypts; beyond death, they rejoin the living world by returning to the earth. The exhibition is intended to be a memory of the world, without nostalgia.

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