Arcana Arcorum
03/02/2023 - 28/04/2023
Pavillon Southway, 433 Boulevard Michelet, 13009 Marseille.
Artist : Léa Porré
FR/ Léa Porré déploie dans Arcana Arcorum une itération digitale du Pavillon Southway, vision hallucinée et fantasmagorique du projet domestique de Southway Studio. Un portail temporel, menant à une dimension disloquée, uchronique et vaporeuse, s’incarne à travers la projection, conçue comme une cinématique de jeu vidéo. L’ensemble immersif (convoquant papiers peints et artefacts pseudo-baroques) entraîne le spectateur dans un imaginaire de potentialités mouvantes.
Ce paysage de sable et de ruines errantes, qui semblent flotter et se déplacer hors de toute géométrie euclidienne, constitue une vue éthérée non seulement du pavillon, mais aussi de l’ensemble des incarnations artistiques de Southway Studio. La présence de portes, fenêtres, et sabliers vient rappeler la non linéarité temporelle et profondément fictionnelle des oeuvres, notamment de Bella Hunt & Ddc, qui émaillent et hantent le parcours créé par Léa Porré.
Uchroniques et fantasmagoriques, ces visions à la fois solaires et inquiétantes ne sont pas sans rappeler des rêveries architecturales, de la Cité idéale d’Urbino aux arcades fantomatiques de De Chirico, en passant par les donjons de Piranèse. Un esprit fin-de-siècle habite ces compositions étranges : on y retrouve cette recherche non pas de l’historicité mais des possibilités non réalisées de choses disparues ou rêvées. Ce paysage est foncièrement éclectique et se construit sur des codes et des motifs pour aboutir à un univers hybride, proche dans sa pensée des revivals du XIXe siècle ou de l’égyptomanie de l’Empire ou des années 1920.
Ce n’est en effet pas tant la photographie insaisissable d’un instant déjà lointain que Léa Porré projète sur les murs du Pavillon Southway, à travers sa vidéo ou son installation, mais davantage des fissures dimensionnelles qui s’ouvrent sur l’infini qu’offre un imaginaire nourri de références et de souvenirs, qui constituerait un palais de la mémoire.
Comme dans un jeu vidéo procédural, ce paysage mouvant mêle répétitions et variations, donnant à la fois une impression de déjà-vu et l’étonnement de la découverte d’assemblages nouveaux.
Arcana Arcorum, de monolithes rougeoyants à des ruines ensablées, s’il est hanté de vestiges et de souvenirs, demeure vierge de toute présence humaine, comme un espace hors du monde physique, démiurgique diraient les Manichéens. Il ne vit qu’à travers l’imaginaire, constituant les vastes archives de possibilités non advenues.
EN/ In Arcana Arcorum, Léa Porré deploys a digital iteration of the Southway Pavilion, a hallucinated and phantasmagorical vision of Southway Studio's domestic project. A temporal portal, leading to a dislocated, uchronic and vaporous dimension, is embodied through the projection, conceived as a video game cinematic. The immersive ensemble (summoning wallpapers and pseudo-baroque artefacts) draws the viewer into an imaginary world of shifting potentialities.
This landscape of sand and wandering ruins, which seem to float and move outside of any Euclidean geometry, constitutes an ethereal view not only of the pavilion, but also of all of Southway Studio's artistic incarnations. The presence of doors, windows and hourglasses reminds us of the non-linearity of time and the profoundly fictional nature of the works, notably those of Bella Hunt & Ddc, that punctuate and haunt the path created by Léa Porré.
Uchronic and phantasmagorical, these visions, both solar and disquieting, are reminiscent of architectural reveries, from the Ideal City of Urbino to the ghostly arcades of De Chirico, via the dungeons of Piranesi. A fin-de-siècle spirit inhabits these strange compositions: one finds in them a search not for historicity but for the unrealised possibilities of things that have disappeared or been dreamt of. This landscape is fundamentally eclectic and builds on codes and motifs to create a hybrid universe, close in its thinking to the revivals of the 19th century or the Egyptomania of the Empire or the 1920s.
Indeed, it is not so much the elusive photograph of an already distant moment that Léa Porré projects on the walls of the Southway Pavilion, through her video or her installation, but rather dimensional cracks that open onto the infinite offered by an imagination nourished by references and memories, which would constitute a palace of memory.
As in a procedural video game, this shifting landscape mixes repetitions and variations, giving both an impression of déjà vu and the astonishment of discovering new assemblages.
Arcana Arcorum, from glowing monoliths to sandy ruins, if haunted by vestiges and memories, remains untouched by any human presence, like a space outside the physical world, demiurgic as the Manichaeans would say. It lives only through the imaginary, constituting a vast archive of possibilities that have not happened.