Uncanny Depths

2022, MAMO, Centre d’art de la Cité Radieuse, 280 Boulevard Michelet, 13008 Marseille.

Cur. Emmanuelle Luciani.

Artists : Bella Hunt & DDC, Oda Jaune, Luigi Ontani, Jacopo Pagin, Ariana Papademetropoulos, Léa Porré, Sterling Ruby, Lola Schnabel.

Sound by Moodoïd, stained glass by OIE/STUDIO.

FR/ « Blue, green, white, or black; smooth, ruffled, or mountainous, that ocean is not silent… » H. P. Lovecraft.

Profondeurs du temps, profondeurs des océans; l’eau érode, transporte, avale, dissous, abreuve. Vecteurs de changement, les océans sont pourtant les témoins sans âge d’un passé lointain, élixir primordial des premières formes de vie.

C’est sous les ombres des ondes des mers, des océans et des fleuves que se déploient les oeuvres réunies pour « Uncanny Depths ». Comme les vestiges antédiluviens de l’Atlantide ou des mystérieux peuples pré-humains sortis des cauchemars de l’auteur de littérature fantastique Lovecraft, ce corpus multi-disciplinaire mêle courbes, polypes et nageoires dans une polyphonie visuelle néo-baroque ou futuro-maniériste.

Surgissant des abysses, les oeuvres des artistes réunis par Emmanuelle Luciani s’incarnent comme des relectures de formes issues de période de fin-de-cycle, comme le maniérisme, le baroque ou la rocaille. Au crépuscule d’un âge les formes se délient, deviennent serpentines et fluides, illustrant les changements et les métamorphoses en cours et à venir.

L’idée de bizarre, « d’uncanny » suinte de l’ensemble des oeuvres. L’ambiguïté des formes, ni totalement minérales, ni totalement organiques ou végétales, se conjugue à une intemporalité trouble, qui s’étire entre un passé hors de la mémoire du monde moderne, et un futur impalpable, où le vertige gothique et les courbes rococo renaissent dans des objets, des matériaux et des nuances qui n’ont pas encore été inventés. Dans ce temple englouti surgit alors un autre rapport au temps et à l’histoire, à la linéarité brisée.

Uncanny Depths, cur. E. Luciani © Silvia Cappellari

EN/ « Blue, green, white, or black; smooth, ruffled, or mountainous, that ocean is not silent… » H. P. Lovecraft.

The depths of time, the depths of the oceans; water erodes, transports, swallows, dissolves, drinks. Vectors of change, the oceans are nonetheless ageless witnesses of a distant past, the primordial elixir of the first forms of life.

It is under the shadows of the waves of the seas, oceans and rivers that the works gathered for "Uncanny Depths" unfold. Like the antediluvian remains of Atlantis or the mysterious pre-human people that emerged from the nightmares of the fantasy writer Lovecraft, this multi-disciplinary body of work mixes curves, polyps and fins in a neo-baroque or futuro-mannerist visual polyphony.

Emerging from the abyss, the works of the artists brought together by Emmanuelle Luciani are embodied as rereadings of forms from end-of-cycle periods, such as mannerism, baroque or rocaille. In the twilight of an age, the forms become unbound, serpentine and fluid, illustrating the changes and metamorphoses underway and to come.

The idea of the bizarre, of "uncanny" oozes from all the works. The ambiguity of the forms, neither totally mineral nor totally organic or vegetal, is combined with a troubled timelessness, which stretches between a past outside the memory of the modern world and an impalpable future, where gothic vertigo and rococo curves are reborn in objects, materials and shades that have not yet been invented. In this sunken temple, a different relationship to time and history emerges, with a broken linearity.