Royal Fantasy

2021-2022, Sainte Anne Gallery, Paris.

Cur. Emmanuelle Luciani.

Artists : Bella Hunt & DDC, Jenna Kaës.

FR / Pour Royal Fantasy, Southway Studio convoque les spectres du passé en s’inscrivant dans le sillage de Louis XIII, et de la rencontre des styles nordiques et italiens. Du proto-baroque sous Richelieu au néo-gothique du XIXe siècle en passant par la virevoltante rocaille de Louis XV, Royal Fantasy est une relecture sous acide du faste aristocratique conjugué à des références fantasy et pop. Souvenirs de formes, les oeuvres de Bella Hunt & Ddc sont des hommages et des cristallisations formelles, nés de la sédimentation de l’histoire et des accumulations stylistiques, hantant cette promenade historique.

Sculptée comme dans un nuage, la cheminée, habillée d’un drapé, est le fruit d’une lente sédimentation historique, accumulation patiente des apports successifs de l’histoire de l’art. Cet hommage aux foyers d’apparat du xviie siècle s’invente comme une synthèse entre les nuées baroques et une calandre de Chevrolet old school.

Cette rencontre entre les motifs du faste aristocratique se retrouve dans les écu-calandres d’aluminium et leurs flammes de chrome acérées, ou encore dans Henri II 2040, évocation cyber-punk d’un heaume de tournoi, dont l’enjeu se déciderait aussi bien à dos de cheval que sur une moto de bronze et de néon.

Cette pièce d’armure, que l’on pourrait retrouver dans une salle d’apparat ou dans un trésor de duc, où serpentent les bannières et tapis de Jenna Kaës, voisine des céramiques et des vases qui transcendent et hybrident les époques et les formes. Concrétions aquatiques se mêlent à des relectures historiques, sous les murmures fantasmagoriques de la fiction et de la fantasy. L’Urne Atlante, ses anses d’anguilles et son pied emprisonné dans des sargasses, semble ainsi venir du boudoir d’Armide.

Ces errances historiques et ces fantasmes visuels se poursuivent dans les ondulations déliées du mobilier (console, table basse, tabouret) de stuc, dont le répertoire néo-classique se fond avec des motifs d’outre-monde.

Royal Fantasy © Sainte Anne Gallery.

EN / For Royal Fantasy, Southway Studio summons the spectres of the past by following in the wake of Louis XIII and the meeting of Nordic and Italian styles. From the proto-baroque under Richelieu to the neo-gothic of the 19th century, via the twirling rocaille of Louis XV, Royal Fantasy is an acidic re-reading of aristocratic pomp combined with fantasy and pop references. The works of Bella Hunt & Ddc are tributes and formal crystallizations, born of the sedimentation of history and stylistic accumulations, haunting this historical walk.

Sculpted as if in a cloud, the draped fireplace is the fruit of a slow historical sedimentation, a patient accumulation of successive contributions from the history of art. This homage to the ceremonial fireplaces of the seventeenth century is invented as a synthesis between baroque clouds and an old school Chevrolet grille.

This encounter between the motifs of aristocratic pomp is found in the aluminium shields and their sharp chrome flames, or in Henry II 2040, a cyber-punk evocation of a tournament helmet, the stakes of which would be decided on horseback as well as on a bronze and neon motorbike.

This piece of armour, which could be found in a ceremonial room or in a duke's treasure, where banners and carpets by Jenna Kaës snake around, is next to ceramics and vases that transcend and hybridize periods and forms. Aquatic creations mingle with historical rereadings, under the phantasmagorical murmurings of fiction and fantasy. The Atlantean Urn, with its eel handles and its foot imprisoned in sargassum, thus seems to come from Armide's boudoir. These historical wanderings and visual fantasies are continued in the loose undulations of the stucco furniture (console, coffee table, stool), whose neo-classical repertoire merges with otherworldly motifs.